La jetée
Ce n'est pas de la lâcheté, même si je l'ai souvent cru. Mais tu n'es pas lâche, non, pas plus que cruel. C'est, je crois, plutôt de l'indifférence.
Sans doute pour ça que tu ne t'excuses jamais -non, ça c'est parce qu'on ne s'excuse pas tout seul ; bordel que je te les accorderais pourtant ces excuses, pour peu que ça t'intéresses de les avoir un jour. Pour peu que tu comprennes comme tu peux faire mal.
Mais non, bien sur. Trop agacé pour me supporter, trop indifférent pour me demander de m'éloigner. Et moi trop faible pour partir de mon plein gré. Trop indifférent pour le remarquer, pour vouloir y changer quoi que ce soit.
Oh comme je peux les haïr ces années, parfois. Celles qui m'ont liée, qui ont fait de mes sociabilités ce qu'elles sont et toi au milieu, toi l'incontournable malgré tous les efforts, faibles et sporadiques, pour m'arracher, m'éloigner.
Comme je les hais ces années. Pour un peu -beaucoup peut-être, assez il est vrai, plus peut-être que j'en attendais, même mitigé, même à l'imparfait- de bonheur au présent, elles ont visiblement maudit des années d'après-coup.