*Bim*

Publié le par Gabrielle

 

Je ne t'en pensais plus capable. Ou plutôt ne m'en pensais plus atteignable. Je pensais avoir réussi à la distance et le détachement ; que tes avis comptaient, atteignaient la raison, tonnaient sans assommer.

Je pensais avoir pris assez de recul pour ne plus voir les détails de tes passes d'arme qui me filaient la nausée. Et du fait en rester hors de portée.

Comme quoi on n'est jamais sur de grand chose si ce n'est des faiblesses de son plastron. Car c'est bien alors que tu as choisi d'envoyer tes éclats, obus lapidaire aux shrapnels éclairs. Mine de rien, sans y prendre garde. Avec cette raison un peu agacée, de paternalisme sur qui est si souvent le tien quand tu tentes de me rendre à tes raisons.

 

On ne s'assoit pas d'un coup de pied dans les genoux. Reste à voir si l'on s'en relève.

 

Je rampe lourdement, fuyant maladroitement. Les bêtes blessées savent à certains moments fuir l'ami devenu danger. Je vais donc me terrer, panser des blessures ouvertes qui en ont réveillées tant.

 

Bien sur j'en fais trop. Bien sur je n'aurais pas dû me noyer d'un peu d'eau lancée à la figure pour me rafraichir les idées.

Résultat je crois qu'il va me falloir du temps pour cracher toute cette eau. Les yeux n'en délivrent pas beaucoup à la fois et je ne sais pas où inciser l'abcès.

Comme ce ciment bas de gamme, qui s'effrite quand on gratte ; et s'effondre à la moindre secousse. Comme ceux qui restent pris en dessous, je me sens ruine fragile et propriétaire terrorisé.
Désemparée.

 

Mais on se casse la gueule d'une pichennette, lorsque l'on marche au bord du gouffre. Après il faut remonter à la force des poignets. Ne surtout pas compter sur une main tendue : je n'ai pas crié pour ameuter les foules et tu continues ton discours du haut de la corniche. Ais-je vraiment envie de faire l'effort d'y grimper ?

 

Je ne pensais plus pouvoir être ainsi blessée. Comme toute illusion qui vole en éclat, la chute est dure.

Désarroi, désarmée, désemparée : succession de privatifs qui illustrent au mieux ce plancher qui s'est effondré sous mes pieds.

 

 

Non sans doute on ne peut pas discuter. Tu frappes en parlant et je m'effondre en bêlant ; excuse moi alors la fuite et le temps pour me réparer. Il s'agit d'un peu plus que me repoudrer le nez.

Mais tu n'excuses pas plus que tu ne cherches à mesurer. Il ne s'agissait que de mots, en prendre ombrage est donc de trop ! C'est donc que la faute me revient, après tout tu n'exprimais que cette vérité que tu chéris, qui n'est pourtant comme pour tous l'expression maladroite de ce qui filtre à travers ton regard. Et comme nous tous il t'est insupportable de simplement entendre prétendre que cela puisse être subjectif.

Alors c'est que la faute me revient, d'avoir pris la balle en pleine face. Sans doute ne visais-tu que le bras, histoire que je comprenne, comme ces fractures qui viennent au gamins quand les parents veulent appuyer un peu fort une leçon.

Alors j'ai fugué.

Publié dans Instantanés

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